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la balle a enfilé la ligne du corps, son effet est imparable.

Les suites en sont encore beaucoup plus cruelles, car s’il est vrai qu’on mourait d’un coup d’épée tout aussi-bien que d’un coup de pistolet, du moins les blessures de l’épée n’étaient ni si graves, ni si hideuses ; elles ne déchiraient pas, elles ne fracassaient pas, elles ne laissaient pas des traces ineffaçables.

Ce dernier caractère fait qu’on y regarde à deux fois, et tel s’exposerait tous les jours gaîment à mourir d’un coup d’épée, qui frémit intérieurement en pensant qu’il peut revenir d’un combat au pistolet, borgne, balafré, et pour la vie estropié d’une jambe ou d’un bras.

Ceci me rappelle un fait arrivé, pendant la guerre de sept ans, au maréchal Luckner, pour lors colonel de hussards.

Un jour, comme il se trouvait aux avant-postes, il fut, après les préliminaires d’usage, abordé par un colonel allemand, qui