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se plaçait au niveau de tout le monde ; on était fêté, caressé, couru ; car il n’y avait pas de maison qui n’eût son abbé.

Les abbés étaient petits, trapus, rondelets, bien mis, câlins, complaisans, curieux, gourmands, alertes, insinuans ; ceux qui restent ont tourné à la graisse ; ils se sont faits dévots.

Il n’y avait pas de sort plus heureux que celui d’un riche prieur, ou d’un abbé commendataire ; ils avaient de la considération, de l’argent, point de supérieurs, et rien à faire.

Les chevaliers se retrouveront si la paix est longue, comme on peut l’espérer ; mais à moins d’un grand changement dans l’administration ecclésiastique, l’espèce des abbés est perdue sans retour ; il n’y a plus de sine cure, et on en est revenu aux principes de la primitive Église, beneficium propter officium.