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un jeune homme tout nouvellement arrivé de Charolles, et on était allé se battre sur les derrières de la chaussée d’Antin, presque entièrement occupés alors par des marais.

À la manière dont le nouveau venu se développa sous les armes, S** vit bien qu’il n’avait pas affaire à un novice : il ne se mit pas moins en devoir de le tâter ; mais au premier mouvement qu’il fit, le Charolais partit d’un coup de temps, et le coup fut tellement fourni que le chevalier était mort avant d’être tombé. Un de ses amis, témoin du combat, examina long-temps en silence une blessure si foudroyante, et la route que l’épée avait parcourue : Quel beau coup de quarte dans les armes ! dit-il tout à coup en s’en allant, et que ce jeune homme a la main bien placée !… Le défunt n’eut pas d’autre oraison funèbre.

Au commencement des guerres de la révolution, la plupart de ces chevaliers se placèrent dans les bataillons ; d’autres émigrèrent, le reste se perdit dans la foule. Ceux