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M’exila de ses bras pour borner mon destin.
Tous le suivraient criant : Voilà notre assassin !
Alors, oh ! comme alors, plein d’angoisses amères,
Il se retracerait le désespoir des mères,
Les pleurs des vieux parents courbés vers des tombeaux,
Et le deuil des cités, et le deuil des hameaux !
Il entendrait leurs cris tonner sur sa victoire,
Leurs malédictions répudier sa gloire ;
Et lui-même, effrayé de ses propres fureurs,
Fuyant, mais dans son sein emportant ses terreurs,
Il verrait contre lui, parmi ses palais vides,
Se lever ses remords comme autant d’Euménides ;
Et de spectres vengeurs un innombrable essaim
Le poursuivre des cris : assassin ! assassin !
Il l’est, il l’est bien plus que ce brigand sauvage
Qui dans un meurtre obscur ensevelit sa rage.
Celui-ci tue un homme et l’État est resté.
Cet autre est le bourreau de la société :
Il a par ses exploits multiplié ses crimes ;
Sur lui pèse le sang de cent mille victimes.
Et lorsqu’aux pieds du Dieu qui venge et punit tout,
Dégoûtant de ce sang il paraîtra debout,
Je le plains. Ce jour-là point de frivole excuse !
À côté du brigand que sa démence accuse,