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L’un s’attache à sonder les plis du cœur humain :
L’autre, de la nature osant fouiller le sein,
Cherche et croit lui ravir quelqu’un de ses mystères :
L’un visite de loin tous ces rois solitaires
Qui, des cieux, leurs états, peuplant l’immensité,
Promènent dans la nuit leur pompeuse clarté ;
L’autre enchaîne à ses pieds la foudre désarmée,
Où des êtres vivants classe l’immense armée.
Ceux-ci, sur son ouvrage interrogeant leur Dieu,
Demandent pour quel but, en quel temps, dans quel lieu
Il jeta l’homme nu sur la terre sauvage,
Et si l’éternité d’un ver est l’héritage ;
Tandis que des états, la balance à la main,
Examinant la forme et pesant le destin,
Ceux-là la font pencher, dans leur choix politique,
Ou vers la monarchie, ou vers la république.
Tous ont au bien commun diversement marché ;
Tous ont de ce grand but plus ou moins approché.
Par eux l’instruction civilisa le monde.
La moisson fut brillante et fut trop peu féconde.
Pourquoi ? Sous des rapports imparfaits ou lointains,
Chacun, envisageant l’intérêt des humains,
Fit moins pour leur bonheur qu’il ne fit pour sa gloire.
Nul, à nos passions disputant la victoire,
N’a su d’un bras puissant saisir les nations
Au milieu des fureurs de leurs divisions,
Les porter, les fixer dans la sphère inconnue
Où de l’humanité la voix long-temps perdue
De siècle en siècle, hélas ! les appelait en vain.
Nul ne leur a crié : voici votre chemin !
Vous avez trop suivi des routes mensongères,
Trop cherché dans la nuit des clartés passagères,
Trop pris pour le bien même un faible essai du bien.
De l’univers moral, sans base, sans soutien,
Qu’ébranle un intérêt, que renverse un caprice,
Vos mains ont, dites-vous, couronné l’édifice ;