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LE DROIT DE VIE ET DE MORT.

J’ose d’un grand sujet aborder les mystères,
Et ma main va creuser au fond de nos misères.
Avant tout, remontons aux principes sacrés
Qui de tant de mortels sont encore ignorés.

Un cri de toutes parts assiége mon oreille.
Faut-il borner la nuit où le peuple sommeille ?
Faut-il montrer le jour à cet aveugle-né ?
Quoi ! d’une ombre perfide il marche environné,
Et sous le voile épais de sa lourde paupière
Vous balancez encore à glisser la lumière !
De quel droit privez-vous cet humble enfant des cieux
Des bienfaits qu’il réclame et que vous tenez d’eux ?
Vous les avez reçus, mais pour les lui transmettre,
Ces trésors, qu’en ses mains vous craignez de commettre,
Ces dons de la pensée et ces fruits du savoir
Sans qui l’homme incomplet, ignorant son pouvoir,
Et se cherchant en vain, comme un douteux problème,
Ne sait, non plus qu’à vous, s’expliquer à lui-même.
Ah ! si, jouet du sort, il rampe, dégradé,
Du haut rang sur la terre aux mortels accordé,
De son abaissement tirez ce roi du monde :
Qu’il brille, relevé de sa chûte profonde,
Qu’il remonte à sa place et concoure avec vous
Au partage des biens que Dieu créa pour tous.
Lui refuser son lot dans ce noble héritage,
C’est un crime envers lui, c’est au ciel un outrage.
Vous répondrez des maux qui suivront vos refus.