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Mais abattu toujours et toujours relevé,
De toutes parts encore il tremble inachevé.
Ce que n’a point tenté pour le bonheur de l’homme
La sagesse d’Athène, et de Sparte et de Rome,
Ni celle de Lutèce et celle d’Albion,
La sagesse d’un dieu, du dieu sans passion,
L’a fait par ces seuls mots : vivez, vivez en frères,
Et vous aidez l’un l’autre à porter vos misères.
Avons-nous à sa loi consenti d’obéir ?
Avons-nous, ô mortels, cessé de nous haïr ?
Et partout où des cieux l’astre s’élève et brille,
La terre a-t-elle vu son immense famille
S’embrasser, respirer dans un heureux accord,.

Et nos mains rejeter les armes de la mort ?
 
 
 
La réponse est ici, sur ce haut frontispice

Je lis ces mots tracés : Temple de la Justice.
J’entre. Des citoyens, que le sort a choisis,
Sur des bancs élevés m’apparaissent assis.
Entre eux des magistrats est l'imposant cortége ;
Derrière eux l'humble croix, devant eux l’humble siége
D'où, se levant, auprès de orateur debout,
Le prévenu troublé nie ou confesse tout ;
Là, les témoins, l’huissier aux paroles glacées ;
Au fond, les spectateurs, dont les têtes pressées
S’élèvent en silence au-dessus des gradins
Que d’un garde endormi leur livrent les dédains.
Voici la loi ! contre elle il n’est point de refuges :
Un homme est l'accusé, des hommes sont les juges.
Spectacle horrible au ciel et digne de l’enfer !
Quel pouvoir en vos mains mit ce livre de fer,
Hommes ? Répondez-moi : quels sont vos droits sur l’homme ?
Un seul : la force agit, un crime se consomme,
Et de l’humanité les vains gémissements