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des belles pensées qu’il ne croyait jamais assez bien vêtir.

Que voulez-vous ? l’art pour lui était un sacerdoce. Il avait l’air d’un prêtre. Cependant, il voulait avant tout le feu créateur.

Il appliquait cela à tous les arts, notamment à la peinture.

« J’admire, disait-il, les grandes pages qui ornent les monuments publics ; mais en appliquant les procédés de l’art décoratif à l’art de la vie, à la peinture ordinaire, on ôte à cette peinture l’âme, les muscles, les os et le sang, pour ne lui laisser que des convenances et des conventions. »

Il adorait le sublime, et rien ne lui semblait plus ridicule que la pompe d’une vaine emphase .

Il était naturellement doux, et il cherchait les violences tragiques.

C’est qu’il avait l’indignation féconde.

Il était aigri par la férocité et la stupidité des hommes, il était aigri par l’indifférence publique pour son idole, le Beau. Il en souffrait dans les plus chers et les plus nobles intérêts de sa vie.

Il eût été modeste, mais comme il avait le juste sentiment de sa valeur, il s’irritait facilement de cette indifférence, surtout devant le triomphe des habiles ou des excentriques déséquilibrés.

Il avait les goûts simples, mais rien ne lui