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i85 bryon d’idée les observations de voire âme et de vos yeux. La semence a germé, elle pousse confusé- ment mais sûrement. Pour la nourrir vous allez, comme l’abeille, butiner sur votre route, sans autre guide qu’un mystérieux instinct, les atomes nécessaires à son développement. Et lorsqu’ils se seront assimilés, agglomérés, cristallisés, voici qu’un jour, au moment où vous y pensez le moins, l’idée réapparaît, vi- vante, précise, apportant son expression, sa forme et sa fleur. Et cette expression tombe alors de voire plume, facilement, sans le moindre effort et, je le répète, comme si un invisible collaborateur vous la soufflait à l’oreille. N’est-il pas vraiment divin, ce travail créa- teur qui absorbe tout l’être et dont on a à peine conscience, tant ses moyens se rencontrent par- tout et tant ses outils sont légers ? Que de fois je me suis dit : a Quelle adorable paresse que celle de faire des vers î )) Rien de plus délicieusement enivrant. Le poète est véritablement alors le roi de la nature. Il est le maître de sa pensée, il est le maître du monde qu’il s’est créé. Il en possède tous les ressorts qu’il fait