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O U E -M R s béni rafraîchit et colore la pensée, il lui montre la Nature empreinte encore de la poésie pre- mière d’abord ressentie. Lorsqu’on suit les balbutiements des enfants, on ne tarde pas à y découvrir des mots d’une profondeur troublante ; de même, si Ton regarde le griffonnage des premiers dessins de ces petits êtres, de ceux qui ont le don des arts d’imita- tion, on s’étonne d’y trouver tant d’expression. Que de candeur dans ces croquis informes î Ils ne ressemblent guère à ceux de certains artistes qui, de parti pris ou par paresse d’.ajDprendre, sous prétexte de naïveté, singent les maladresses enfantines. Je n’étonnerai pas ces peintres en affirmant que les dessins des petits enfants sont aussi défectueux que les leurs ; mais on sent je ne sais quelle pureté dans leur ignorance et Ton trouve prodigieux que des traits de crayon aussi rudimentaires et sans proportion aucune, puis- sent réaliser une mystérieuse impression de beauté morale. C’est que, là-dessous, il y a des visions d’anges; il y a la candeur, la divine candeur que la science la plus profonde a tant de peine à retrouver. J’ai parfois remarqué cette candeur chez des hommes ayant vécu hors de tout centre de culture intellectuelle. Je connais un petit rentier, simple d’esprit à ne pas avoir à s’in- quiéter du royaume des cieux, qui, n’ayant