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O L E M H s aube confuse qu’il faut chercher le secret de soi- même, les embryons des pensées et des passions qui ont influencé et déterminé les actes de la vie. L’enfant ignore le sens des choses (hélas ! le savons-nous plus tardpj, mais les impressions primordiales qu’il en perçoit laisseront à son cerveau des empreintes ineffaçables. Leur persistance est un des grands bienfaits de la Nature qui veille à garder, toujours vivant et vibrant, au milieu des désastres de l’âme, un rayon de cette pure et blanche candeur dont la lueur attendrie, de plus en plus pénétrante, plus sûrement même que le savoir et l’étude, éclaire l’àme humaine jusqu’à la dernière limite de Les souvenirs d’enfance arrivent par la séche- resse des jours, comme des boutTées d’arômes rafraîchissants, ou comme des reflets d’aurore qui viendraient consoler la tristesse des soirs. Les peintres et les poètes aiment surtout à s’abreuver à cette source d’inspiration pure. Hélas! pourquoi faut-il que nous touchions tous a l’arbre de la science, et que le sentiment y laisse la poussière d’or de ses ailes:* Pourquoi faut-il qu’apprendre ce soit perdre:’ Pourquoi Dieu n’a-t-il pas donné à l’enfant la puissance de créer, et, à l’artiste qui crée, la virginité de l’àme ."^ Heureusement lorsque le souvenir de 1 Age