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Deux novices se tenaient agenouillées, la tête enfouie sous leur voile, aux deux côtés du lit de la sœur mendiante étendue dans son costume religieux, les pieds nus sur la cendre.

Au pas de la supérieure, une des religieuses se tourna lentement et fit de la tête, sans relever le front, un signe négatif. Raymonde entra plus pâle que la mourante elle-même :

— Priez, ma fille, priez Dieu qu’il vous éclaire et dissipe le trouble de votre cœur ! mais respectez la mort, la mort qui règne ici, au nom de notre divin maître ! dit la supérieure en s’éloignant, un bras étendu vers le christ d’ivoire.

Raymonde s’accroupit au chevet du grabat, posa sa jeune tête tout près de la tête anguleuse et flétrie de la mendiante ; elle colla pieusement sa bouche fraîche sur cette bouche décolorée, d’où s’échappait un râle d’agonie.

— Ma mère, murmura-t-elle, en essayant de réchauffer avec la sienne cette haleine imprégnée d’une funèbre senteur de terre hu-