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LA VIE DE FAMILLE
LETTRE XXXIV.


Matanzas, le 23 février 1851.

Qu’il fait beau ici, mon Agathe ! et qu’on y est bien, au centre de cet air parfait, plein de zéphyrs balsamiques, dans ce foyer lumineux, bon, charmant et confortable sous tous les rapports, celui de M. et madame Baley, où je me trouve maintenant et me sens vivre de nouveau. J’ai déjà passé ici une semaine entière ; elle s’est écoulée comme un jour serein et beau.

Je n’ai pas été fâchée, dans la matinée du 16, de quitter la Havane brûlante et pleine de poussière. Mon mal de tête s’était dissipé la veille au soir, de sorte que j’ai bien dormi. L’excellente madame Tolmé, levée en même temps que moi, à cinq heures du matin, a fait apporter du café d’un restaurant voisin, afin de ne pas réveiller ses esclaves d’aussi bonne heure. Après avoir pris cordialement congé d’elle et de son mari, je suis montée dans leur volante, accompagnée de l’un des plus jeunes fils de la maison, mon favori Frank Tolmé. Le Caleshero donna un coup de fouet en l’air, et nous fûmes rapidement balancés vers la station du chemin de fer. Lorsque, avec l’assistance de mon compagnon, j’eus surmonté les difficultés et les embarras qu’on éprouve en se mettant en route, et que je me trouvai tranquillement assise dans la spacieuse voiture, j’en éprouvai une satisfaction réelle. Cette voiture était construite à l’américaine, car ce sont les Américains qui ont