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DANS LE NOUVEAU-MONDE.

lité, leur bonhomie. Madame Tolmé passe une partie de ses matinées assise patriarcalement au milieu de ses esclaves femmes, causant avec elles, donnant des leçons aux plus jeunes enfants dans l’une des longues galeries couvertes ; c’est là aussi qu’elle reçoit les visites et donne ses ordres pour la cuisine et la toilette. Le soir, le grand cercle de la famille et des amis se réunit autour d’elle dans les galeries et le salon. Ses deux filles mariées viennent avec leurs maris, puis le consul d’Angleterre, M. Crawford, avec sa jolie femme qui est aussi une fille de madame Tolmé, mais d’un premier lit. Il y a ensuite les deux amoureux, le fils aîné de la maison avec sa jeune et florissante femme, les nouveaux fiancés, Louise Tolmé presque un enfant encore, et son fiancé, jeune Écossais fort épris et très-bien. Je dois une mention particulière aux deux plus jeunes enfants, le grave Gulio, âgé de treize ans, mon maître d’espagnol et la petite Emely. On joue, on danse, on chante, mais le fiancé épris est assis à côté de sa fiancée, la regarde et la regarde, ne veut pas qu’elle danse, qu’elle le quitte.

La manière dont les maisons sont disposées ici est particulière ; il faut l’habitude pour s’y bien trouver. Tout est calculé pour avoir le plus d’air et de courant possible. De longues galeries, avec arcades dont le demi-cercle est fort allongé, s’ouvrent dans la cour (il y en a ici des quatre côtés). Là se meut tout le ménage, c’est une sorte de vie publique. On dîne, on reçoit des visites, la mère de famille coud au milieu de ses esclaves femmes, élève ses enfants, les gens de la maison lavent ou se livrent à d’autres travaux domestiques dans ces galeries ouvertes où l’air et les créatures humaines circulent avec une égale facilité. Derrière cette galerie, ordinairement pavée en marbre, sont les chambres à coucher, closes de ce côté par des jalousies ; on