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LA VIE DE FAMILLE

L’ouragan fit un trou au toit, et au même instant renversa la maison sans toucher le père de famille debout, et il enterrait sa femme, ses enfants, ses serviteurs sous les décombres. Lui seul fut sauvé.

Je retournerai demain à la Havane : je voudrais découvrir un moyen de donner un peu de satisfaction à mes dignes hôtes dont l’hospitalité m’a été si agréable. Je les quitte avec regret, surtout leur plus jeune enfant, la petite Ellen aux yeux noirs.




La Havane, le 15 février.

Je suis de retour ici. La chaleur est une bonne chose, mais trop est trop ; celle-ci est véritablement nuisible à l’âme et au corps. Ils se conserveront peut-être en bonne santé, mais quant à l’activité — cela ne va pas, il y a de quoi devenir échec et mat. Une poussière de sable très-fin s’élève de la rue, pénètre par les jalousies dans la chambre et se dépose sur tout. Le seul moment du jour où l’on respire un peu, c’est le soir, hors de la maison, ou dans les galeries aérées du côté de la cour.

J’habite maintenant avec la famille Tolmé ; ma bonne hôtesse a disposé une chambre à mon intention et me soigne maternellement. C’est une des belles natures de mères de notre monde, et chacun l’aime dans la maison ; je l’affectionne aussi parce qu’elle est bonne pour les nègres, les protége, prend ouvertement la défense de leur caractère en toute occasion et raconte une foule de jolis traits prouvant la noblesse de leurs sentiments, leur fidé-