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LA VIE DE FAMILLE

camarades de leur âge. On célébrait de cette manière une fête ou jour de naissance. Joli et poétique usage !

Je me suis beaucoup promenée dans les environs, et j’ai appris à connaître plusieurs espèces d’arbres. Parmi ceux-ci je te présente le ceiba, l’un des plus hauts et des plus beaux arbres de l’île ; sa tige, élevée et forte, se balance mollement, n’a aucune feuille jusqu’à l’endroit où elle étend horizontalement trois à quatre bras vigoureux avec des courbures qui ressemblent à celles du chêne, mais sont plus souples. Ces bras se divisent en plusieurs branches et portent la plus belle couronne de feuilles séparées comme des doigts et d’un vert de Russie. C’est l’un des plus beaux arbres que j’aie vus, et je n’en connais pas qu’on puisse lui comparer. Mais il a des ennemis envieux, et sur les petites excroissances ressemblant à des épines dont sa tige est couverte se place volontiers une plante parasite ; elle l’entoure insensiblement et finit par l’étouffer. Je remarque ensuite deux beaux arbres d’un vert foncé, le mammai-colorado et le mammai San-Domingo, maintenant couvert de fruits de la grosseur d’une pomme, gris-bruns en dehors, mais remplis intérieurement d’une chair rouge-jaune très-douce ; je la trouve dépourvue de goût. Puis le sapota, feuillage vert foncé, aux fruits bruns de la grosseur des petites oranges, et comme celles-ci remplis d’un jus fort doux infiniment agréable. Le mango à une couronne serrée, riche de feuilles, et rappelle par sa forme et son épaisseur nos châtaigniers. Ses fruits, maintenant verts, pendent aux branches, ils ont la forme d’amandes colossales. On dit qu’ils deviennent d’un beau jaune d’or à leur maturité, et portent le nom de pommes de Cuba ; ils sont fort aimés dans l’île. Le mango donne une ombre épaisse, impénétrable. Le tamarin s’étend sur