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DANS LE NOUVEAU-MONDE.

les tambours entre leurs genoux, avaient aux poignets de grandes boules remplies de pierres ou autres objets bruyants ; elles étaient ornées extérieurement d’un bouquet de plumes de coq. Produire autant de bruit que possible est, à ce qu’il paraît, la chose principale. Quelques couples dansants arrivèrent ; les dames de différentes couleurs, en toilettes ayant la prétention d’être jolies et qui étaient fanées, les hommes (nègres) sans toilette et presque sans vêtements à la partie supérieure du corps. Un homme prit une femme par la main, et ils commencèrent à danser, elle tournant sur place et les yeux baissés, lui la suivant en faisant une foule de cabrioles au nombre desquelles se trouvaient des culbutes, les voltes les plus entraînantes, et admirables par leur hardiesse et leur souplesse. Dans l’intervalle, d’autres noirs poussaient de temps en temps des cris sauvages et frappaient avec des bâtons sur les murs et les portes. Les tambourineurs suaient et avaient un air excessivement animé. La salle commençant à se remplir de monde, je ne voulus pas y retenir mon hôte et sa petite fille ; mais je ferai tout mon possible pour voir plusieurs fois ces danses africaines avec la vie sauvage qui leur est propre, et si rhythmique, quoique dépourvue de règle.

Tandis que nous retournions à Serro, nous entendîmes de différents côtés le bruit sourd des tambours. Ce sont seulement des nègres libres de l’île qui dansent à cette époque de l’année. Dans les plantations on est occupé à moudre les cannes à sucre pendant toute la saison sèche ; les nègres esclaves n’ont pas le loisir de danser, à peine celui de dormir. Il y a à Cuba beaucoup de nègres libres.

En rentrant dans le village, nous rencontrâmes deux jeunes gens qui jouaient, en marchant, une mélodie joyeuse sur la guitare ; ils étaient accompagnés par des