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DANS LE NOUVEAU-MONDE.

Je t’entends dire : « Les esclaves, l’esclavage environnent cet Éden. » Je le sais, mais l’esclavage passera, les chaînes des esclaves tomberont, tandis que la bonté et la magnificence de Dieu seront éternelles. Je vivais ici dans sa contemplation. L’esclave fera de même un jour.

Ce jardin, ou, pour mieux dire, le parc, est fort négligé depuis la mort du vieil évêque et le terrible « ouragan » qui a détruit complétement, en 1846, la demeure épiscopale (dont il ne reste qu’une ruine), ébranlé une foule d’arbres et de statues. Je suis charmée de ce que le parc est peu soigné, car il ressemble davantage à une belle nature.

Je resterai probablement encore une couple de jours dans cette contrée, puis je retournerai à la Havane, où l’aimable famille Tolmé m’a invitée à demeurer chez elle. Je chercherai à faire la connaissance du botaniste don Felippe Poë, et par lui celle des arbres et des plantes de ce pays. Nous verrons ensuite comment les choses s’arrangeront pour moi.

J’ai dîné hier chez M. et madame Schaffenberg dans leur villa ; ce dîner recherché a été servi sous le verrand ouvert du côté du jardin, ce qui nous a donné une vue magnifique sur l’île. Le jardin était comme d’autres, très-orné, mais guindé. On y voyait des palmiers de différentes espèces, de jolies fleurs alignées le long des allées bien sablées ou pavées, des bassins de marbre avec des poissons d’or, etc. Un beau petit garçon de deux ans est le plus précieux trésor de la maison.

J’ai passé la soirée dans la famille Tolmé, où j’ai vu la jeunesse danser de tout son cœur au son de la magique musique de danse de Cuba. Elle a un mouvement rhythmique saccadé, mais animé au plus haut degré. Mon hôte,