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LA VIE DE FAMILLE

ce trafic, à ce qu’on prétend. Quel dommage, hélas ! que ce Paradis terrestre soit empoisonné de la sorte par le vieux serpent !




Serro, le 10 février.

Je suis depuis trois jours à la campagne dans un petit village ou bourg champêtre (Serro), à une couple de milles de la Havane. Une famille allemande — américaine, appelée Schneidler, m’a offert amicalement de passer quelques jours chez elle pour faire connaissance avec la campagne (ce que j’ai tant désiré), et le jardin de l’évêque, très-rapproché de son habitation. J’ai une petite maison nouvellement bâtie pour moi seule, composée de deux chambres bien aérées. Dessous la fenêtre de ma chambre à coucher est un petit groupe de bananiers d’une bonne venue, couverts de beaux fruits, de larges feuilles vert clair douces comme du satin ; elles s’agitent au vent ; un peu plus loin murmure une petite rivière de montagne. En deçà de notre jardin, et au-dessus, je vois se dresser sur une colline, et entourés d’un mur peint en bleu, des groupes de cocotiers, de peupliers, de magnifiques bambous. À leurs pieds s’agite dans un superbe bassin de marbre un jet d’eau. Le village entier se compose de jardins, de petites maisons ; les vastes champs sont parsemés de palmiers royaux, de cocotiers et autres arbres dont j’ignore encore le nom.

La première nuit que j’ai passée ici, sur la toile fraîche de mon lit de camp, en entendant mugir la rivière, et les