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DANS LE NOUVEAU-MONDE.

presque toujours un nègre en grandes bottes à l’écuyère, monte le cheval ; on l’appelle calashero. Il est, ainsi que le cheval, richement couvert d’ornements en argent, parfois, dit-on, pour une valeur de plusieurs mille dollars. Cet équipage est très-allongé.

Quand la volante est attelée pour des courses un peu lointaines, on y met deux chevaux (et même trois) : le second cheval, conduit à la main, devance un peu celui que monte le calashero. Quand la volante est en grande parure, on y voit deux ou trois femmes assises, tête nue, ayant parfois des fleurs dans les cheveux. Elles ont également les bras et le cou nus, des robes de gaze blanches, et sont, en un mot, habillées comme pour aller au bal. Quand elles sont trois, la plus jeune est au milieu et un peu en avant. C’est un bouquet des plus délicieux en fleurs naturelles. On les voit souvent après le dîner dans les promenades, ou le soir sur la place d’armes, lorsqu’il y a musique et grande compagnie. Elles ont rarement un voile ou mantille sur la tête et le cou, presque jamais un chapeau. S’il en paraît un, c’est celui d’une étrangère.

J’ai pensé d’abord, en voyant les mouvements saccadés de la volante dans les rues : « Elle doit être affreusement incommode. » Lorsque je m’y suis trouvée assise, il m’a semblé être balancée sur un nuage ; je n’ai jamais senti un mouvement plus doux.

Les créoles ne cherchent aucun abri contre le soleil ou le vent ; elles n’en ont pas besoin. Une fois midi passé, arrive la brise de mer ; l’air n’est pas ardent, le soleil ne brûle pas comme sur le continent. Les créoles sont pâles, mais sans apparence de maladie ; c’est une couleur olive claire et douce qui, jointe à leurs beaux yeux noirs, et doux cependant, les rend extrêmement agréables. Les