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DANS LE NOUVEAU-MONDE.

vagues s’avancer hautes, écumantes, et se lancer contre le rocher de Morro qui met une limite à l’agitation de la mer et rend les eaux du port silencieuses. Je vois, par l’ouverture de ce port, les voiles blanches voler sur le grand Océan, de petits lézards courir ou s’étendre et se chauffer au soleil sur le mur inférieur de l’Esplanade du côté du port, des pigeons blancs s’abattre et boire dans un bassin en marbre blanc, établi au pied d’un joli monument élevé en l’honneur de Valdez et qui termine la promenade. Un jet d’eau pure s’élance constamment de la muraille de marbre de ce monument dans le bassin.

Je rentre à neuf heures et demie et fais mon second déjeuner en grande compagnie dans la salle de marbre (dont j’ai déjà parlé) ; la table est abondamment servie. Ensuite je monte dans ma chambre, j’écris des lettres, je dessine ou je peins jusqu’à l’heure du dîner. Après ce repas, l’un ou l’autre de mes nouveaux amis d’ici vient me chercher dans sa « volante » (voiture de Cuba), pour me faire faire une excursion hors de la ville dans ses jolies et magnifiques promenades. Le soir, après le thé, je monte sur le toit de l’hôtel ; il est plat comme tous ceux d’ici, on l’appelle terrasse supérieure ; il est entourée d’un mur bas ou balustrade en pierre, sur laquelle sont placés des urnes d’une espèce de grès avec ornements en relief verts et de petites flammes en bronze doré. Je me promène seule ici, jusque fort avant dans la nuit, en contemplant le ciel étoilé au-dessus de moi et la ville au-dessous. La lumière de Morro (on appelle ainsi celle du phare établi sur le fort) est allumée et brille comme une grande étoile fixe, rayonnante de l’éclat le plus pur sur la mer et la ville. L’air est délicieux, calme ; on respire comme un enfant endormi. J’entends parfois autour de moi un petit gazouillement ravis-