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DANS LE NOUVEAU-MONDE.

heureuse, amie de l’Océan, et ces aspersions ne pouvaient me faire de mal. Le lendemain matin nous étions dans le port de la Havane.

Les flots s’élevaient fort haut et se brisaient avec furie contre le roc avancé sur lequel se trouve le fort de Morro, avec rempart et tours (l’une d’elles fort haute) qui défendent l’entrée étroite du port, très-beau et de forme circulaire ; nous y fûmes aussi tranquilles qu’au milieu du bassin le plus calme. Le soleil brillait sur le monde d’objets nouveaux dont j’étais entourée.

La Havane est une grande ville assise le long de la côte, à droite de l’entrée du port : ses maisons basses, de toutes couleurs, bleues, jaunes, vertes, oranges, la font ressembler à un immense étalage de verreries et de porcelaines. Pas la moindre colonne de fumée ne faisait pressentir l’atmosphère de la ville, sa vie culinaire ou de fabrique, indice auquel je m’étais accoutumée dans les villes américaines. Des groupes de palmiers se dressaient entre les maisons.

Une hauteur à notre gauche était couverte de plantes singulières, ressemblant à de hauts candélabres verts avec une foule de bras. Entre les collines qui entouraient le port se trouvaient des groupes de maisons de campagne, de bouquets de cocotiers et autres palmiers de même espèce. Au-dessus de tout cela reposait le ciel le plus serein, le plus doux, l’air le plus délicieux. L’eau du port était transparente comme du cristal, et, en général, l’air et les couleurs me paraissaient avoir une transparence des plus pures. Parmi les objets qui me frappèrent, se trouvaient le fort où sont enfermés les prisonniers d’État, une autre prison, et un gibet ; mais les beaux palmiers qui agitaient