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LA VIE DE FAMILLE

Je m’embarquerai demain matin sur le grand bateau à vapeur Philadelphie, et dans trois jours je serai à Cuba. J’éprouve une joie inexprimable à la pensée que je vais voir une beauté encore inconnue pour moi, que je vais humer un air plus doux, fuir pendant quelques semaines d’hiver le climat américain dont l’instabilité ronge les forces de mon âme et de mon corps.

Sois sans inquiétude pour moi, mon Agathe, car j’ai voyagé sans accident d’une extrémité à l’autre du Mississipi et suis arrivée sans la moindre aventure à la Nouvelle-Orléans, au moment où cinq bateaux à vapeur venaient de sauter avec leurs passagers dans les eaux de cette ville, et j’ai quitté l’hôtel Saint-Charles le jour même où il est devenu la proie des flammes.

LETTRE XXXIII


La Havane (Cuba), le 5 février 1851.

Me voici assise sous le ciel chaud et serein des tropiques, à l’ombre de beaux palmiers. C’est joli et merveilleux…… Cet air splendide, suave, ces hauts palmiers sont des beautés connues ; je présume que les autres me causeront du plaisir, par ce qu’elles ont d’extraordinaire et de différent comparativement à ce que j’ai vu, plutôt que par une beauté plus grande en réalité. Ce qui est nouveau et sort de la ligne commune, amuse et rafraîchit l’esprit, c’est ce que j’éprouve ici, et qui me ravit.

Je suis partie de la Nouvelle-Orléans le 28 janvier de