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LA VIE DE FAMILLE

chaque jour, augmenter, doubler, tripler son capital, était se pensée incessante, il y appliquait son activité jusque dans les plus petites choses. Il était économe même de ses paroles, et ne les dépensait pas inutilement.

Macdonough avait de grandes idées, de vastes projets. Il se considérait comme destiné par la Providence à acquérir une fortune considérable pour l’employer à faire de grandes choses, dans l’intérêt de l’État où il était né. C’est pourquoi il se regardait uniquement comme l’administrateur de sa fortune, et soutenait ne pas avoir le droit d’en distraire la moindre obole dans un autre but. C’est du moins en donnant cette raison qu’il dorait son avarice et sa dureté.

Il disait : « Si je continue d’année en année à augmenter mon capital dans une proportion donnée, je deviendrai l’homme le plus riche de la Louisiane ; en continuant ainsi, je pourrai l’acheter tout entière, et alors… » Alors il devait faire de grandes choses, la Louisiane deviendrait l’État le plus libre de l’Union. Macdonough avait à cet égard des vues, un système qui rendent témoignage d’un esprit profondément réfléchi ; mais Macdonough oubliait qu’il était mortel, et, quoique parvenu à un âge avancé, il était encore loin d’avoir réalisé la fortune qu’il se proposait d’amasser, quand il fut surpris par — la mort. Ses projets gigantesques, qui ont disparu avec lui, resteront sans effet, ou à peu près, sur la Louisiane, excepté peut-être sous un rapport, et c’est ce que j’ai voulu dire en le comparant à une porte de prison ouverte.

Macdonough, planteur et propriétaire d’esclaves, résolut d’émanciper ceux-ci d’une manière profitable pour eux et sans y perdre. Il leur dit :

« Vous travaillerez à votre affranchissement, et vous