Page:Bremer - La vie de famille dans le Nouveau-Monde vol 3.djvu/34

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
26
LA VIE DE FAMILLE

sant à haute voix ou causant tranquillement. C’était charmant ! Le soir il y eut clair de lune magnifique. Nous nous tenions sur le pont ; quelques messieurs se joignirent à nous, se présentèrent eux-mêmes ou se firent présenter par d’autres, et formèrent bientôt un cercle autour d’Octavie, dont la conversation facile et gracieuse exerce partout une puissance attractive. Nous nous couchâmes tard. Au milieu de la nuit, je m’aperçus que nous nous arrêtions brusquement. Je me levai et regardai par la fenêtre. La lune brillait sur le lac, uni comme une glace. Nous étions engravés. Il était une heure du matin, et il fallait être à six heures à la Nouvelle-Orléans pour nous embarquer à neuf sur le « Pacific ». Tel était notre plan ; mais nous restâmes immobiles jusqu’à une heure le lendemain en attendant que le flux vînt nous dégager. Nous avions donné dans un banc de sable.

Cette journée fut aussi belle que la précédente. Certaines appréhensions redoutables concernant le dîner ayant été dissipées par les soins de quelques messieurs qui s’étaient fait conduire à terre dans un bateau à rames pour chercher des vivres, et avaient rapporté de quoi faire un repas des plus délicats et surabondant, ce petit contretemps nous parut moins désagréable. Le voyage à Cuba se trouve remis à une époque indéterminée, et ce retard m’obligera probablement à le faire seul, Octavie ne pouvant pas s’absenter aussi longtemps de chez elle.

Ce fut à dix heures du soir seulement que nous pûmes prendre terre. Il n’y avait pas de convoi de chemin de fer à notre disposition pour nous conduire à la Nouvelle-Orléans. Un exprès y fut envoyé. Betzy prit soin de nos effets, et deux messieurs, se faisant, avec la véritable galanterie chevaleresque américaine, nos cavaliers, nous conduisirent