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DANS LE NOUVEAU-MONDE.

et une vie fraîche dans les États à esclaves, dont les citoyennes blanches paraissent prendre l’habitude çà et là de chercher une jouissance vitale plus haute en se frottant les gencives avec du tabac en poudre très-fort ; d’où il résulte une sorte d’enivrement propre à donner de l’animation aux sentiments et à la conversation.

Adieu, jolie et amicale Mobile !

Adieu, mon Agathe chérie, la première fois que je l’écrirai, ce sera de Cuba !




Nouvelle-Orléans, 15 janvier.

Hélas non ! le voyage de Cuba n’a pas eu lieu cette fois. Le départ de Mobile s’est effectué sous les meilleurs auspices ; Octavie était gaie. Pour la première fois depuis son grand chagrin, elle allait s’éloigner de sa maison et voir des objets nouveaux ; nous étions contentes mutuellement d’être ensemble. Le bon docteur Le Vert avait fait cadeau à sa femme d’une somme d’argent considérable, afin qu’elle pût se bien amuser à Cuba. La mère d’Octavie, ses deux petites filles, lui dirent adieu avec amour, et en espérant la voir revenir heureuse. Betzy était de la partie, car elle parle espagnol aussi bien que sa maîtresse, et celle-ci ne peut se passer de Betzy, qui fit avec zèle et activité tous les préparatifs du voyage. Nous montâmes à bord le matin ; le soleil se leva avec magnificence sur le lac de Pontchartrain. Nous voguâmes toute la journée avec calme, assises dans la cabine de madame Le Vert au milieu des fleurs, la fenêtre ouverte, et humant l’air balsamique, li-