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DANS LE NOUVEAU-MONDE.

ai joui dans des promenades solitaires le long de la petite et dansante rivière de Shenandoah, dans les champs embaumés où l’on venait de couper les foins et de commencer la moisson. Les épis dorés tombaient sous une grande faux qui jetait le blé de côté par gerbes. On ne voyait dans les champs que des hommes ; ils se chargent ici de tous les travaux extérieurs, même de traire les vaches. Les femmes restent à la maison, c’est-à-dire les femmes blanches ; les négresses ne sont pas considérées comme faisant partie du sexe faible.

En retournant à mon auberge, je vis un beau vieillard assis sur l’herbe sous un arbre près de la maison, et lisant dans un gros livre. Plus tard, je me mis en conversation avec lui, et il me prêta son livre, publié par la secte des « Frères-Unis. » Il contenait leurs préceptes en paroles, en gravures ; ils me parurent se conformer strictement à la lettre des usages des premiers chrétiens ; par exemple, les membres de cette secte font une cérémonie religieuse du lavement des pieds, s’embrassent quand ils se rencontrent, etc., coutumes antiques. Les Frères-Unis, qui portent aussi le nom de Plongeurs, sont nombreux dans cette partie de la Virginie. On les croit originaires de la Hollande. Cette secte se distingue par son étroitesse et son immobilité religieuse, mais aussi par beaucoup d’union, d’amour fraternel et d’activité.

Une assemblée délibératrice des Plongeurs a eu lieu il y a quinze jours près de la caverne de Weiher ; deux cents hommes à longue barbe et longs cheveux y ont traité des affaires principales de la secte. L’une des questions débattues était de savoir si l’on commettait un péché en établissant ou n’établissant pas des paratonnerres aux maisons. La résolution prise par l’assemblée, après deux jours