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LA VIE DE FAMILLE

tes de Cuba ; mais certaines formes décidées se reproduisaient plus souvent ici, surtout celles de la colonne cannelée, les tuyaux d’orgues, les tours, les cascades (ressemblant à des eaux écumantes gelées), les boucliers faisant saillie sur les parois couvertes de lances, et d’immenses draperies pendantes qui formaient souvent des plis plastique extrêmement moelleux. En frappant dessus avec un bâton, elles rendaient un son fort et plein qui retentissait sous les voûtes souterraines. Plus loin des alcôves, et dans celles-ci des statues solitaires debout, ressemblant à des larves humaines. Entre ces figures, et le long des parois de la montagne, étaient une multitude de formes fantastiques d’animaux, de fleurs, d’ailes qui semblaient se détacher du mur, des villes sortant de terre, avec rues, places, tours, et tout ce que l’imagination voulait y voir. C’est une crypte où le monde entier de la nature est représenté en larves de pierres, c’est le sombre rêve d’un roi de montagne relativement à la vie du monde lumineux ; — car le soleil et la lune y sont aussi représentés par de grands disques blancs qui ressortent étincelants dans la voûte obscure. Là sont de vastes salles au milieu desquelles on voit deux ou trois statues en pierre debout, avec forme humaine : le héros prêt à tirer son glaive, le philosophe plongé dans ses méditations, la femme avec l’enfant dans ses langes. On dirait un monde sinistre où la vie s’est congelée au milieu de ses pressentiments. L’eau d’une petite source limpide tombant goutte à goutte et qu’on entendait au loin, parlait seule ici de la vie. Il faisait si froid dans ce monde souterrain, je m’y trouvais si mal de corps et d’âme, que je fus ravie d’en sortir, de respirer l’air chaud de Dieu et de revoir son beau soleil.

La soirée était infiniment belle et la contrée aussi. J’en