était beau, mais froid, la route bonne, et de riches masses de forêts à feuilles rondes la suivaient en montant la montagne. Mon bon nègre me suivait à pied, m’indiquait du doigt le comté d’Albemarle, de Nelson, et jouissait avec un plaisir visible de ces grands et beaux points de vue auxquels il ne manquait que des cours d’eau. Arrivés au sommet des montagnes Bleues, j’ai vu se dresser devant moi une autre chaîne ayant la même élévation et direction ; c’était celle des montagnes du Nord. Entre elles s’étend, de l’est à l’ouest, la vallée de la Virginie, grand et fertile paysage, avec petites habitations bien construites, des champs, des pâturages, contrée paisible et florissante. Il semble que de ces foyers agréables doit s’élever tout naturellement la prière « Notre Père ; » car tout y est joli, paisible, pacifique comme une idylle. Pas de châteaux orgueilleux, pas de chaumière pauvre, toutes les parts semblent égales et bonnes. Les églises, « maisons de Dieu, » se distinguent seules du reste de la paroisse.
Nous descendîmes en voiture vers la vallée, et j’arrivai à midi près de la montagne, où se trouve la célèbre grotte au pied de laquelle coule la petite et joyeuse Shenandoah. Près de là est une auberge pour les voyageurs ; un gros et jovial aubergiste leur sert de guide. Étant seule sur place pour le moment, je pus jouir à mon aise de la grotte ; l’aubergiste et Davis m’accompagnaient avec des torches et mirent çà et là des lumières.
On entre dans la montagne par une petite porte ; quelques couloirs sont très-étroits ; on a de la peine à s’y glisser, mais on en est richement indemnisé par la vue de magnifiques salles et de figures surprenantes. Il me fallut plus de deux heures pour parcourir les plus importantes. Les stalactites étaient du genre de celles que j’avais vues dans les grot-
