Page:Bremer - La vie de famille dans le Nouveau-Monde vol 3.djvu/318

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
310
LA VIE DE FAMILLE

l’esprit juste, appellent cela une honte ; mais la conscience dans les États à esclaves est aussi réduite à l’esclavage.

Une vieille négresse vient d’être condamnée à la même peine pour avoir voulu aider une jeune négresse à s’enfuir vers les États libres. Le gouvernement a rejeté sa demande en grâce, « vu la position actuelle des États libres et des États à esclaves. »

La crainte de Mammon et des hommes !

J’ai assisté aujourd’hui, au Capitole, à une séance de la grande convention, réunie à Richmond pour réformer ou, pour mieux dire, développer la constitution, et j’ai eu le plaisir de donner des poignées de main à quelques-uns des cent trente législateurs assemblés ici. Mais — on a déposé sur la table une proposition demandant de l’argent en faveur de l’enseignement. Peu d’attention lui a été accordé. L’assemblée est surtout occupée de la création de juges dans les campagnes, vu l’accroissement de la population. Sa tendance, comme dans l’Ohio, est de donner plus de pouvoir encore au peuple, en le faisant participer au choix des juges et autres fonctionnaires nommés autrefois par le gouvernement.

Dans l’avant-salle grande et ronde du Capitole est une statue de Washington, due à un sculpteur français, M. Houdon. Je ne me souviens pas d’avoir vu un objet d’art plus noble et représentant d’une manière plus parfaite l’homme idéal dans sa réalité de tous les jours. C’est Washington, le président au menton fort, un peu roide de sa personne, avec son costume ancien, et c’est en même temps le type de l’homme du Nouveau-Monde, avec son esprit noble, la conscience de lui-même, l’homme bien équilibré dont les Américains parlent comme de la suprême per-