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DANS LE NOUVEAU-MONDE.

homie sans égale de la conduite caractéristique du jeune Yankee. Après une course d’une heure en nous traînant à travers des buissons épais et marchant sur le sable, nous trouvâmes un sentier et trace de clôture. Lorsque nous regardâmes de là autour de nous, nous vîmes, à notre grande surprise, au sommet des plus hautes collines sablonneuses de cette partie de l’île, une voiture attelée. Était-ce ?.. oui, en vérité, c’était notre équipage qui, sorti de l’eau, avait grimpé sur cette élévation. Le jeune Yankee était assis tranquillement sur le siége, et regardait autour de lui pour étudier la topographie de l’île.

Lorsqu’au bout de deux heures nous fûmes parvenus à nous diriger vers le côté méridional de l’île et vers la forteresse, nous trouvâmes notre équipage qui nous attendait paisiblement comme si tout s’était passé au mieux.

Nous ne fûmes point de cet avis, surtout en voyant le dernier bateau à vapeur s’éloigner du rivage avant que nous ayons pu l’atteindre, ce qui nous obligeait à passer la nuit dans l’île. Mais nous eûmes un bon hôtel, l’Océan, le plus beau clair de lune. Cette nuit, passée dans l’île de Sullivan, presque sans dormir, est pour moi l’une des plus riches en souvenirs de celles qui se sont écoulées pendant mon séjour dans la Caroline du Sud.

Aujourd’hui, durant une promenade en voiture hors de la ville, j’ai vu un homme conduisant un petit nègre dont les deux mains étaient attachées avec une corde. L’homme était à cheval, le garçon marchait derrière ; il avait probablement essayé de fuir, et on l’amenait dans la ville pour y recevoir des coups de fouet. On les regardait passer avec indifférence comme chose fort ordinaire. Jolies mœurs !

Le voyage que je projetais à travers les parties septentrionales de la Géorgie et le Tennessée ne se réalisera pas