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DANS LE NOUVEAU-MONDE.

d’empire sur elles. Après deux années de souffrances, la jeune fille mourut comme un bon ange doit mourir, et sa tombe est entourée de souvenirs lumineux.

L’autre monument est celui d’un jeune homme, officier dans l’armée américaine pendant la guerre du Texas ou du Mexique, je ne m’en souviens pas exactement. Étant un jour à table avec ses camarades, son supérieur le fit appeler. Soit enfantillage ou orgueil de jeunesse, il dit : « Que le diable m’emporte si j’y vais ! » ou quelque chose d’approchant ; cependant il y alla. Le propos inconsidéré fut rapporté au chef, et celui-ci ordonna que le jeune militaire subirait la peine du bâillon pendant un jour ou deux, je l’ignore, pour servir d’exemple. Lorsque ce châtiment fut infligé au jeune officier, il dit : « De ce moment je ne mangerai plus ; personne ne pourra me reprocher que j’ai eu le bâillon ; » et il refusa de prendre de la nourriture. Le chef, informé de ses paroles et de sa conduite dans la prison, regretta son ordre barbare et précipité, alla, dit-on, vers l’officier pour l’engager à changer de résolution ; ce fut en vain. Le jeune et brave guerrier mourut d’un cœur ulcéré et de faim en une semaine, au grand et amer chagrin de sa famille. Elle n’a pas fait poursuivre juridiquement ce chef déraisonnable, parce que la mère du défunt, qui était en relation d’amitié avec la famille de ce chef, dit avec vérité : « La vengeance ne me rendra pas mon fils. »

J’ai fait ma course à l’île Sullivan rien qu’avec madame Howland ; il m’a été agréable d’entreprendre avec elle cette dernière excursion dans la Caroline du Sud, et de jouir pour la dernière fois avec elle des brises de la mer dans les bosquets de palmettes et de myrtes de cette île. Lorsque nous y fûmes arrivés en bateau à vapeur, nous prîmes