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DANS LE NOUVEAU-MONDE.

Le 11 juin.

Je quitterai demain, pour toujours, ce bon foyer, cette aimable famille ; il m’en coûte de le dire, mais c’est vrai. Cette fois aussi, j’ai passé des moments et des jours délicieux avec elle et quelques amis de Charleston. Plusieurs d’entre eux m’ont donné de nouvelles preuves de leur chaude cordialité.

Parmi les choses remarquables que j’ai vues durant mon séjour, je dois citer le marché des esclaves le samedi soir ; ils arrivent des plantations avec leurs marchandises et les petits produits de leur industrie, paniers, nattes, etc., qu’ils exposent, crient et vendent. La scène est gaie, mais elle ne dure qu’un soir. Ensuite j’ai visité plusieurs écoles de nègres, et le grand cimetière de Charleston, appelé Magnolia, et j’ai passé une nuit — à l’île Sullivan !

Parmi les écoles nègres, il y en avait une pour les enfants des noirs affranchis, tenue par un maître blanc, et les portes ouvertes. J’ai vu ici une réunion d’enfants de couleur de toutes les nuances, depuis le noir corbeau. Les livres d’école sont ceux dont on se sert dans les écoles américaines pour les enfants des blancs. Cette école est un bon établissement, mais un élément dangereux pour les États à esclaves, si on ne cherche pas à le mettre en harmonie avec la perspective des esclaves nègres.

On m’avait aussi parlé d’écoles clandestines pour les enfants nègres, mais j’ai eu beaucoup de peine à en découvrir, puis à y entrer, — tant on redoute la rigueur de la loi, qui défend, sous des peines sévères, d’apprendre à lire et à écrire aux esclaves. Lorsque je pénétrai enfin dans la