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LA VIE DE FAMILLE

et avec l’assistance de madame Howland. J’y pense davantage qu’à la maison, parce que je suis obligée de représenter comme Suédoise, et veux le faire avec honneur, quoique modestement. C’est pourquoi je porte toujours une robe de soie noire avec mantelet ou casaque légère aussi en soie et garnie de dentelle. Tu peux me voir dans la rue en chapeau de soie et voile blanc, manteau ou robe de satin noir. Je cherche à unir la gravité à un peu d’élégance.

Je compte, en partant d’ici, me rendre, par les montagnes de la Caroline du Nord et de la Géorgie, dont je veux voir les curiosités naturelles, dans le Tennessée, par la rivière de ce nom, puis dans la Virginie, où je resterai quelque temps pour faire connaissance avec la nature et les habitants de cet État. Il fait excessivement chaud ici, on est comme dans un bain de vapeur. J’ai des lettres à écrire, des lectures à faire ; mais, durant de longs moments, je n’ai la force de rien, sinon de me bercer dans ma balançoire. « C’est supportable au commencement de l’été, dit madame Howland ; mais lorsque cette chaleur dure quatre à cinq mois, et paraît ne pas vouloir finir, alors… »

Il n’est donc pas étonnant qu’un si grand nombre de femmes jeunes soient pâles et paraissent épuisées.

La végétation est dans tout son éclat, les forêts sont magnifiquement fleuries ; dans les jardins, les roses, les fleurs d’orangers, les nectaires embaument, les figuiers portent déjà des fruits mûrs ; on jouit, mais avec faiblesse. Les soirées sont ce qu’il ya de plus beau ; je me promène alors sur la terrasse supérieure ombragée par des espaliers de roses et me laisse caresser par la brise, c’est ma plus grande jouissance.