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LA VIE DE FAMILLE

Les familles de l’Amérique du Nord sont nombreuses, mais pas autant qu’en Angleterre ; le chiffre le plus élevé dont j’aie entendu parler ici, c’est douze enfants, et on le citait comme une rareté. Sept paraît être le nombre ordinaire pour les enfants d’une même famille. Il n’est pas rare non plus de trouver des époux sans enfants.

Quelques mots maintenant de la Caroline du Sud, qui veut dans ce moment former un État séparé. Irritée au plus haut degré de l’injustice commise à l’égard des États du Sud par l’adoption du bill de compromis, elle a convoqué récemment une grande « convention » à Charleston ; l’assemblée se composait des sages de cet État. Après avoir bu et mangé ensemble, ils ont pris avec grand enthousiasme la résolution héroïque de se séparer de l’Union et de prendre vis-à-vis des États du Nord une attitude hostile. L’État des Palmettes a compté sur l’appui vigoureux des autres États du Sud, mais il s’est trompé dans ses calculs. La Géorgie, l’Alabama, la Louisiane et autres se sont déclarés ouvertement pour l’Union, et j’ai lu dans les Journaux de la Floride une désapprobation fortement exprimée de la conduite de l’État aux Palmettes. Le Mississipi est le seul État, jusqu’à présent, dont la résolution soit incertaine.

En attendant, la Caroline du Sud, comme le roi Philippe d’antique mémoire, est d’une autre opinion à jeun que dans l’ivresse, les bons frères qui, après avoir bu et mangé à Charleston, se sont déclarés pour la guerre, ont cependant découvert ensuite qu’ils étaient moins empressés pour cette dernière et préféraient rester en paix chez eux. De bons et sages citoyens se sont déclarés ouvertement contre la déclaration héroïque de la grande convention, et l’on s’égaye à ses dépens. J’ai lu l’autre jour dans l’un des