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DANS LE NOUVEAU-MONDE.

M. Cooper est l’un des plus grands propriétaires de plantations des États-Unis ; il possède deux mille esclaves nègres qu’il emploie à la culture du coton et du riz. On m’en avait parlé comme d’un réformateur ayant introduit parmi ses esclaves le jury et autres institutions de la civilisation, afin de les préparer à une vie de liberté ultérieure. Ceci m’avait donné l’envie de le connaître et de voir sa plantation. Je n’ai pas trouvé en lui un réformateur, mais seulement un administrateur doué d’un grand tact pratique et aussi de quelque bienveillance dans la manière de traiter ses esclaves. Du reste, j’ai trouvé en lui un véritable représentant des hommes bien élevés des États du Sud, très-poli, un dictionnaire vivant sous le rapport de la variété de l’instruction et intéressant pour moi au plus haut degré par la richesse et le charme de sa conversation. M. Cooper est un naturaliste distingué, et possède de belles collections des produits naturels de l’Amérique. La leçon que je lui ai entendu faire ce matin, au milieu de ses collections, sur la formation des montagnes, m’a donné un aperçu plus net sur la géologie de cette partie du monde.

M. Cooper a une capacité extraordinaire pour systématiser et trouver les points caractéristiques des objets. Une conversation avec lui sur n’importe quel sujet acquiert de l’intérêt, lors même qu’on ne serait pas de son avis.

Mais lorsque M. Cooper se joint, sur la question de l’esclavage, au bon parti dans le Sud, qui considère la colonisation, en Afrique, des nègres affranchis de l’Amérique comme le résultat définitif et objet de l’esclavage, je n’ai pas de peine à causer avec lui sur ce sujet ni sur les facultés de la race nègre, son avenir, ses vices. Son opinion se rapproche ici de mes propres observations. Parmi les idées