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LA VIE DE FAMILLE

porter en Suède. Un nègre de la plantation a été mordu à la jambe, l’année dernière, par l’un de ces serpents. On a essayé pendant longtemps de sauver ce membre ; mais il a fallu finir par l’amputation, à cause des grandes et croissantes souffrances que ce malheureux éprouvait.

Dans un joli coin de la plantation habite et se repose la nourrice noire du planteur ; son entourage annonce les soins les plus tendres. Cette femme à une petite maison sur le rivage, et à l’intérieur toute l’aisance qu’elle peut désirer, même une balançoire commode. Les enfants et petits-enfants de la famille qu’elle a fidèlement servie viennent la voir avec amour et lui apportent des cadeaux. Elle a eu plusieurs enfants ; mais elle avoue que ceux des blancs lui sont plus chers. Cette préférence des négresses nourrices ou bonnes pour les enfants blancs qu’elles ont élevés est un fait bien connu. On voit souvent, dans les États à esclaves, donner des soins de tendre affection à la vieillesse de ces bonnes dans les familles, quand elles en ont le moyen.




Île de Saint-Simon, le 27 mai.

Devant ma fenêtre coule large et limpide le bras gauche de l’Altamaha, et la soussignée est assise près de là dans une île de la Géorgie, entre le fleuve et l’océan Atlantique. Je suis maintenant dans la famille de M. J. Cooper, au milieu des jardins et des bosquets d’oliviers où elle vient passer l’été et chercher l’air salutaire de la mer, lorsque les fièvres commencent à exercer leurs ravages dans la grande plantation du Darien, sa résidence principale.