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LA VIE DE FAMILLE

son origine ; mais elle est considérablement tombée dans ces derniers temps, surtout depuis que la gelée a détruit les plantations d’orangers qui faisaient sa principale branche de commerce. De plus en plus abandonnée, elle est visitée maintenant par les malades qui viennent y passer les mois d’hiver, pour respirer l’air pur et fortifiant de la mer. Saint-Augustin est un peu plus méridionale que la Nouvelle-Orléans, mais son climat est beaucoup plus sain. C’est en 1819 que la Floride a passé des mains de l’Espagne dans celles des États-Unis, et en 1845 qu’elle a été annexée comme État indépendant. Sa population blanche ne paraît s’élever qu’au chiffre de quatre-vingt mille âmes environ. Les Indiens et la nature humide du sol se sont opposés et s’opposent encore à l’accroissement de cette population ; mais sa partie du nord-ouest jouit d’une culture plus haute et plus civilisée, une couple de villes y sont en voie d’agrandissement. La capitale (politique) de la Floride est Tallihassee. On y voit de belles plantations, de belles villas, de beaux jardins ; la vie de famille et de société y est, dit-on, agréable.

Nous sommes parfaitement dans cette demeure amicale, quoique la joie n’y ait point établi son domicile. La fille aînée de la maison, jeune femme dans la fleur de la vie et de sa joie maternelle, vient de mourir en donnant le jour à son second enfant ; ce chagrin pèse lourdement sur l’esprit de sa mère, dont le mari et ses autres enfants partagent la douleur.

La sécheresse est affreuse, les plants de maïs se fanent dans le sable dont cette plantation est plus abondamment pourvue qu’il ne le faudrait. Voilà près de quatre mois que je n’ai pas vu un jour nuageux. Cependant, lorsqu’en m’éveillant de bonne heure le matin je sens l’air balsami-