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DANS LE NOUVEAU-MONDE.

et de plantes. Dans le bosquet, les oranges pleuvaient sur nous à la moindre secousse donnée aux arbres ; il y en avait des milliers à terre ; bon nombre étaient aussi grosses qu’une tête d’enfant. Ces oranges avaient beaucoup de suc et une acidité fort agréable. La provision de sucre du capitaine fut mise rudement à contribution ; mais il ne s’en plaignit pas, et nous lui donnâmes en retour autant de limonade qu’il en voulut. Je fis couper quatre épines d’orangers pour en faire des cannes que je compte donner en Suède ; mon beau-frère est au nombre des élus. Ces cannes, fort jolies après avoir été vernies, sont fortes et très en faveur chez les Américains. Comme souvenir de cette expédition dans le bosquet d’orangers, nous avons rapporté une grande quantité de ces petits insectes appelés ici des tics ; et nous les connaissons aussi en Suède comme de vilaines bêtes plates qui se glissent dans la peau. J’avais été particulièrement favorisée sous ce rapport, et fus occupée toute la journée à m’en débarrasser.

Une aventure du retour que je ne dois pas omettre, c’est l’incendie de notre bateau ; desséché par le soleil, il prit feu dans l’un des lacs, ce qui donna beaucoup de besogne à notre dame dirigeante, c’est-à-dire à sa langue, et sans elle « c’en était fait de nous. » Le capitaine et son équipage éteignirent le feu si promptement, que je n’eus connaissance du danger qu’après.

Nous avions beaucoup à souffrir la nuit des cacrelots et des moustiques, le jour de l’ardeur du soleil et de la fumée de notre machine. De temps en temps nous avions de meilleurs moments, lorsque la brise nous permettait de jouir d’un spectacle toujours beau et fantastique, de la société, de la conversation de nos amies.

Nous vîmes, une après-dînée, un grand « Craneroost, »