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DANS LE NOUVEAU-MONDE.

dans une barque, ils se sont rapprochés du rivage, ont lancé un filet qui a été jeté et retiré presque en même temps. En dix minutes nous avons eu un plat abondant d’excellent poisson dont le goût ressemblait à celui de nos limandes. Aucun pêcheur ne s’est encore établi sur ces bords ; le fleuve cependant fourmille de poissons.

Nous commencerons cette après-midi à effectuer notre retour. Je n’irai donc pas plus avant dans le sud de la Floride ; mais je vois ici le caractère de la nature de ce pays dans sa partie méridionale. Il est partout bas et abondant en marécages entrecoupés de forêts de pins. Une partie de celles-ci, appelées Éverglades, présente, dit-on, une richesse surprenante de vie animale. Le naturaliste Agassiz, en voyant les Éverglades pour la première fois, joignit les mains d’admiration et d’adoration devant leurs richesses naturelles, inconnues jusqu’ici. En avançant et descendant vers le golfe du Mexique, le pays s’abaisse de plus en plus, et la végétation se partage entre les forêts à demi tropicales que j’ai déjà vues, et de grands bois composés de pins inflammables. Des Indiens, Séminols et Creeks, vivent encore dans ces contrées sauvages, dangereuses pour les émigrants, et d’un accès difficile. On assure que le cocotier et le bananier peuvent être cultivés dans la partie la plus méridionale de la Floride. Quel empire, quel monde que cette Amérique du Nord ! Elle contient tous les climats, toutes les beautés, tous les produits de la nature. C’est en vérité l’empire de tous les peuples de la terre !