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LA VIE DE FAMILLE

personnes est grande, elle se fortifie encore par cette petite scène ; mais on ne devrait pas traiter de jeunes enfants comme si les dents de sagesse leur étaient poussées.

Notre course sur le fleuve fut ravissante pendant toute la journée ; en sortant des passages étroits et serpentants, on entrait dans de grands lacs limpides entourés de rives verdoyantes. La richesse de la vie végétale et animale semblait augmenter d’heure en heure ; la Flore et l’air du tropique se rapprochaient, nous étions dans la demeure de l’été éternel. La canne à sucre sauvage croissait sur le rivage et montrait que le sol était favorable à sa culture, les temples naturels devenaient de plus en plus riches. De belles fleurs rouges et bleues sur de hautes tiges, des lis blancs et des plantes aquatiques gigantesques parmi lesquelles se trouvaient de hautes alisma-plantagos, brillaient comme des flambeaux sous une voûte vert foncé ; des essaims de petits perroquets verts voltigeaient et gazouillaient au-dessus des cannes sauvages et dans les bosquets de palmettes. Des dindons sauvages, plus grands que les nôtres, se montraient sur la rive ; de jolis et gracieux oiseaux aquatiques voltigeaient sans crainte autour de nous ; des alligators, sans crainte également, nageaient par douzaine de chaque côté du bateau, les poissons sautaient comme s’ils eussent été hors d’eux ; j’ignore si c’était d’effroi ou de plaisir. Cette navigation présentait un grand spectacle.

Nous nous trouvions aussi parfaitement à bord ; notre petite coterie était maintenant presque seule, et l’aimable créole français de Cuba, M. Belle-Chasse, s’était joint à nous, ainsi qu’un de ses amis. Ils faisaient tous deux un voyage de découvertes en Floride pour savoir si le sol convenait à la culture de la canne à sucre. Leur société nous fut très-