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DANS LE NOUVEAU-MONDE.

dame dirigeante ; c’était peut-être pour le bien des personnes fautives, mais non pas pour leur plaisir. Les jeunes filles furent convenablement admonestées par quelques dames âgées qu’elles ne connaissaient pas ; et l’un des coupables fut réprimandé publiquement par le capitaine. C’était un homme d’un certain âge, dont l’expression était si bonne, que j’ai peine à croire qu’il méritât la sévère remontrance qu’on lui avait adressée ; il en fut ému au point d’en être malade.

J’écoutai avec un plaisir sincère la digne et maternelle exhortation que madame Howland adressa à la plus jolie de ces jeunes filles, qui paraissait en même temps la plus légère, et ce fut avec un plaisir également grand que je vis la manière dont cette jeune personne la reçut. Debout devant madame Howland, elle l’écoutait avec attention et respect ; pas une parole, pas une mine ne trahit en elle le dépit ou l’impatience ; elle paraissait vouloir garder au fond de son cœur ces sages et bonnes paroles pour les faire fructifier dans sa jeune âme. Je fus la seule des femmes mûres qui ne moralisât point les jeunes étourdies. Pour dire la vérité, j’avais plutôt envie de serrer dans mes bras comme une sœur celle qui avait si bien reçu la réprimande de madame Howland. Elle le comprit peut-être, car pendant la journée elle chercha à me montrer de la bienveillance par diverses attentions aimables, et lorsque nous nous séparâmes, le soir, elle me dit adieu de telle manière que je ne pus m’empêcher de lui adresser un cordial « Puisse Dieu vous bénir ! » Pourquoi envoyer des agneaux aussi jeunes et abandonnés à eux-mêmes dans le désert parmi les loups, sans une amie pour leur donner des conseils et les diriger ? Ce n’est ni juste ni bien. Ma croyance en ce qu’il y a de bon et de pur chez les jeunes