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LA VIE DE FAMILLE

tre ; mais il y est plus avantageusement placé, dans des circonstances plus favorables pour acquérir un libre et bon développement ; il peut, comme individu et société, devenir plus parfait, car toutes les perfections sont accessibles à chacun.

Mais il est temps de finir, je crains d’avoir fatigué Votre Majesté par la longueur de ma lettre. L’intérêt des sujets que j’y ai traités et celui que Votre Majesté leur porte seront mon excuse.

Je quitterai sous peu le Sud ; sa fascination est grande, mais j’aspire après le Nord, l’arbre de la liberté croît avec plus de force sur ses rochers de granit. Ce que le Nord possède et qui manque à l’Amérique, c’est cette antiquité pleine de chants, de légendes, de magnifiques prophéties et symboles, de dieux, de héros, qui répand sur la Scandinavie une vie si grande, si spéciale et si romantique. C’est cette antiquité, sa signification pour le temps présent, sa vie dans notre nature et notre vie de tous les jours, qui m’attirent vers ma patrie avec autant de puissance que la voix de ma mère.

Une visite à Copenhague, qui m’est si chère, se présente à moi comme un point lumineux. En retournant en Suède cet automne, j’espère passer par le Danemark et sa joyeuse capitale.

Je m’estimerais heureuse d’y revoir la Reine belle et bonne, d’emporter son image dans le sanctuaire de mon âme pour la conserver comme l’un de ses trésors les plus précieux.

La bonté de Votre Majesté me rend assez téméraire pour l’espérer, et c’est aussi en comptant sur cette bonté que j’ose demander au souvenir de Votre Majesté une place parmi la foule de ceux qui l’aiment.