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DANS LE NOUVEAU-MONDE.

Nulle part, non plus, je n’ai vu des êtres d’une fraîcheur plus semblable à la rosée, d’une animation vivifiante plus belle, plus primitivement belle, que les jeunes personnes américaines.

Je dois cependant convenir qu’en dehors de ces belles natures de femmes, il y en a dans l’Ouest qui ne répondent aucunement à l’idéal que la civilisation du Nouveau-Monde les appelle à réaliser, des femmes dont l’étourderie, la nullité, la frivolité et les prétentions stupéfient quelquefois l’observateur, et lui font mettre en question jusqu’à quel point la grande liberté qu’on accorde ici de bonne heure aux femmes jeunes est avantageuse au développement plus élevé de leur individu.

La plupart des femmes voient cette fausse direction d’une partie de leur sexe, et s’en affligent sérieusement. C’est en m’appuyant sur l’exemple de celles-ci que je ne veux pas limiter leur liberté, mais leur donner un but et une conscience d’elles-mêmes plus haute. Ce dont la femme a besoin, c’est d’une plus haute estime d’elle-même et de sa mission ; une idée plus élevée du mérite de l’œuvre de civilisation à laquelle elle est appelée. C’est uniquement la conscience plus haute d’elle-même qui la sauvera de son infériorité égoïste.

On peut dire, en général, que la citoyenne n’est pas encore complétement réveillée dans la société du Nouveau-Monde. Comme dans l’Ancien, elle y est encore assoupie et emmaillotée dans la vieille chanson de sa berceuse, « la petite voix » l’empêche de prêter l’oreille à la grande. Il faut s’en prendre aussi à la faiblesse qu’ont les hommes pour ce qui est seulement agréable ou excitant chez les femmes.

Par suite de ce manque de connaissance d’elles-mêmes,