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DANS LE NOUVEAU-MONDE.

était alors la mère patrie, elle faisait le commerce des esclaves ; elle avait besoin d’un marché pour les vendre, et elle ordonna aux jeunes colonies américaines de le devenir. L’égoïsme des planteurs, le climat et les produits du sud de l’Amérique du Nord s’y joignirent, et c’est ainsi que l’esclavage a pénétré dans les États-Unis. Beaucoup d’autres causes bonnes et mauvaises le font conserver jusqu’à nouvel ordre.

L’Angleterre, durant une période de grande conscience nationale nouvellement réveillée, et par l’influence d’hommes tels que Wilberforce, s’est débarrassée de l’esclavage. Elle a affranchi les esclaves de ses colonies en faisant l’immense sacrifice de vingt millions de livres sterling. On dit que la chose aurait pu se faire avec plus de sagesse, mais il était impossible de s’y prendre avec plus de générosité. On attend encore le Wilberforce de l’Amérique.

Les habitants des États du Sud sont vivement irrités contre ceux du Nord et l’Europe, qui veulent, disent-ils, se mêler de leurs affaires privées, en parlant de l’esclavage et des droits qui en résultent, comme si cela les regardait.

Mais je retiens trop longtemps l’attention de Votre Majesté sur cette phase de l’histoire des États-Unis ; ma lettre, je le crains, en a pris une longueur démesurée. Je ne finirai pas cependant ce compte rendu de la vie dans le Nouveau-Monde sans dire quelques mots de ses foyers, dans lesquels j’ai habité et vécu durant mon séjour en Amérique. C’est dans ces foyers, et en conversant intimement avec leurs membres, que j’ai contemplé, étudié la vie sociale du Nouveau-Monde : c’est là que j’ai aimé, médité, joui, que je me suis reposée, c’est aux foyers américains que je suis redevable de la plus grande partie de ce que j’ai appris dans le Nouveau-Monde. Ce sont les foyers amé-