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LA VIE DE FAMILLE

conciliation au sujet de la grande querelle qui existe entre eux.

Je dois cependant avancer que cette œuvre ne me paraît constituer qu’une partie de ce qu’on pourrait attendre des États du Sud. Sans la population noire, ils perdraient la plus forte part de leur animation pittoresque ; ensuite il leur serait impossible de se passer du travail des nègres. Il faut, dit-on, des noirs pour cultiver le riz, le coton, le sucre, car l’ardeur du soleil est pour eux une habitude, une volupté. Dans les endroits où le chaud et les miasmes que la chaleur pompe de la terre font périr les blancs, les nègres se portent bien et prospèrent ; ils souffrent peu des fièvres climatériques. Lorsque les rapports sont bons entre les blancs et les noirs, on voit que ces deux races, bien loin de se détester, s’aiment, sont attirées l’une vers l’autre comme des natures différentes, mais comblant les vides occasionnés par leurs défauts. Le nègre, bon et gai, aime l’homme blanc sérieux et raisonnable, se laisse conduire par lui. Le blanc aime le bon noir, et se confie volontiers à ses soins.

Je répète seulement ce que des hommes généreux et réfléchis des États à esclaves m’ont dit, quand j’exprime à Votre Majesté la conviction que le travail d’avenir le plus noble, parce qu’il est le plus difficile, des États à esclaves pourrait bien être celui de transformer une partie de sa population noire en travailleurs libres. Je dis une partie, car il est évident que tous ne seraient pas propres à rester dans l’état de liberté sous l’autorité américaine. Qu’on laisse retourner en Afrique ceux qui voudront y aller, et que l’on garde ceux qui ont acquis une civilisation et un amour du travail suffisant.

Depuis que j’ai vu les bons rapports qui peuvent exister