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DANS LE NOUVEAU-MONDE.

l’amour qu’elle conserve pour la mère patrie, et de sa bonté maternelle pour les noirs et les blancs.

J’ai déjà dit que l’esclavage était chose malheureuse pour les États du Sud ; je serais prête à dire que c’est un bonheur s’ils voulaient transformer cette « malédiction » en bénédiction. Ils le peuvent, c’est incontestable. On dit que le charbon est le père du diamant ; les États du Sud possèdent dans l’esclavage le charbon, matière première du diamant, que dis-je, du diadème qu’ils pourraient offrir à une nouvelle reine du Sud plus magnifique que celle qui alla vers Salomon.

Depuis que j’ai vu Cuba et les nègres dans leur état primitif, depuis que j’ai vu leurs danses, entendu leurs chants, et que je puis les comparer à ceux des États-Unis, il ne m’est plus possible de douter de l’influence bienfaisante de la civilisation des Anglo-Américains sur la race noire, et de la grande mission que l’Amérique est chargée de remplir à l’égard du peuple africain, dont elle a fait d’abord son esclave, et qu’elle peut rendre libre sous deux rapports. Il n’y a pas une plus grande différence entre la pomme sauvage et notre noble et transparente pomme d’Astracan, qu’il n’y en a entre l’Africain sauvage et le nègre chrétien des États-Unis, quand il chante des hymnes ou les chansons qu’il a composées lui-même. Cette comparaison peut s’appliquer à sa vie et à son monde. Il y a loin, bien loin, des criantes improvisations des nègres de Cuba aux sermons inspirés, émouvants, sur le Sauveur, son Royaume de lumière et de joie que j’ai entendu improviser par des nègres dans la Caroline du Sud, la Géorgie, le Maryland et la Louisiane. La vie déréglée et l’enivrement des sens dans les danses, les tambours, les fêtes bruyantes des nègres sauvages, sont viles, animales, com-