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LA VIE DE FAMILLE

noirs, blancs, rouges, olivâtres et jaunes, payeraient le tribut volontaire de l’affection, — une reine belle et bonne comme Votre Majesté.




Charleston (Caroline du Sud), en mai 1851.

C’est dans les États-Unis que je termine ma lettre à Votre Majesté, commencée sous le ciel du Sud. Je ne vois plus se lumière d’une douceur inexprimable, ses palmiers ; mais je vois devant moi une vie nationale grande et croissante, des États qui montent comme les palmiers vers l’espace. Le plus grand poëte de l’Amérique méridionale, c’est la nature, dans l’autre c’est — l’homme. Cependant c’est encore dans le Sud que j’écris, dans l’un des États à esclaves de l’Amérique du Nord.

C’est le mois de mai, et la beauté fastueuse, mais molle et presque maladive de la Caroline du Sud est dans sa floraison la plus complète. Ils sont magnifiques, ces immenses chênes verts avec leurs longues lianes pendantes qui transforment la forêt en une église gothique naturelle, ces magnolias avec leurs grandes fleurs blanches comme neige ; les parfums embaument cet air chaud et mou.

Les chants des esclaves sur la rivière qu’ils remontent pour retourner chez eux après avoir vendu leurs marchandises dans la ville, retentissent en ce moment jusqu’au beau et maternel foyer d’où j’ai la joie d’écrire à Votre Majesté. J’y suis plus rapprochée du Danemark, car la maîtresse de la maison, née de parents danois, est bien digne d’être présentée à la Reine de Danemark, en faveur de