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DANS LE NOUVEAU-MONDE.

où les enfants de la terre peuvent se rendre pour humer une vie nouvelle, y chercher des révélations sur la richesse du Créateur et la demeure des bienheureux dans la grande maison paternelle. C’est là qu’ils viendront se promener dans les bosquets de bananiers et d’orangers, dont ils mangeront les fruits délicieux, qu’ils se berceront dans les balançoires sur les hauteurs où les palmiers s’agitent, entourés de la danse des brises que l’Océan leur envoie, contemplant la création et la trouvant belle. Le soleil se couche avec une magnificence douce, les cucullos lumineux traversent l’espace et couvrent la couronne des arbres de diamants étincelants, l’air retentit de la musique des contredanses de Cuba, des seguidillas espagnoles ; la musique joyeuse du tambour africain se fait entendre, et la Croix du Sud se dresse, tandis que la nuit s’assombrit et que la lune se lève lentement au-dessus de l’horizon. Il fait nuit, mais il n’y a rien à craindre ici, elle n’a pas de serein, de rosée. Les valétudinaires et les malades devraient venir à Cuba pour y respirer un air salutaire. Les vieillards devraient venir ici pour se souvenir d’une éternelle jeunesse, ceux qui sont abattus et opprimés, pour y chercher une nouvelle espérance. Le philosophe devrait y venir, afin que son regard pût se développer au sujet de l’homme, du royaume sans fin de la Création ; l’artiste, le poëte, devraient y venir pour étudier de nouvelles formes de beauté, de nouveaux groupes composés de ce qu’il y a de noble, de délicieux en fait de couleurs et de formes ; l’homme d’État devrait y venir pour fortifier sa croyance dans les idéalités de la vie et la possibilité de leur réalisation. Il faudrait que ce nouvel empire de la beauté et de la bonté fût gouverné par une Reine, souveraine du cœur aussi bien que de l’État, à qui tous les peuples de la terre,