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LA VIE DE FAMILLE

associations socialistes qui cherchent avec amour à partager avec les bons travailleurs, et par mesure égale, les bonnes choses de la vie terrestre ; les sociétés fraternelles des Moraves, qui, sorties de l’Allemagne, ont transporté en Amérique les petites villes de Nazareth et de Bethléem, leurs repas de charité et leurs beaux chœurs.

Au nombre des spectacles pittoresques et particuliers au sol américain, je dois citer les scènes de baptême dans les fleuves et les lacs, où les nouveaux chrétiens blancs et noirs sont initiés à la vie de la sainteté ; les camps religieux, fêtes qui ont lieu dans la profondeur de la nuit et de la forêt, à la flamme des autels, où des milliers de voix entonnent des hymnes harmonieux, où l’âme se gorge, si j’ose m’exprimer ainsi, de vie religieuse, et l’alternent avec les banquets. Ces fêtes sont surtout les saturnales des nègres esclaves ; leurs prières sont ardentes et vivifiantes comme le soleil du Sud.

Lorsqu’on s’éloigne des États-Unis pour se rendre dans le Sud, on est transporté en trois jours dans un autre monde. C’est à Cuba qu’on le rencontre pour la première fois. Le ciel, la terre, le peuple, la langue, les lois, les mœurs, les constructions, tout est nouveau, et le rafraîchissement causé par cette scène nouvelle est inexprimable, lors même que tout n’y est pas bon.

C’est la nature, la langue et le peuple dominant de l’Amérique méridionale que nous trouvons à Cuba ; c’est la région des palmiers, le soleil du tropique, la langue et la domination de l’Espagne. Une moitié de l’Amérique appartient à la race anglo-germanique, l’autre à la race romane. Le protestantisme domine dans la première, le catholicisme dans la seconde. Mais à Cuba, oasis placée au milieu de l’Océan entre les deux moitiés d’un monde, les